Calculer l’imposition sur une assurance-vie reçue en succession

Sommaire

 

Le conjoint survivant reçoit la part de l’assurance-vie que détenait son défunt conjoint sans avoir à payer de droits de succession.

En revanche, les autres bénéficiaires peuvent y être assujettis selon la date de souscription (avant ou après le 20 novembre 1991), les versements effectués avant et après le 70e anniversaire du souscripteur, et enfin le montant des versements, de la plus-value réalisée ou du capital total.

Cette fiche pratique vous montre comment calculer l'imposition sur une assurance-vie reçue en succession en fonction de différents facteurs.

1. Lorsque le bénéficiaire de l'assurance-vie est le conjoint

Lorsqu’un couple souscrit une assurance-vie, il est préférable que chacun des conjoints nomme l’autre en tant que bénéficiaire. Les règles de succession ont toutefois changé en 2016.

Successions ouvertes depuis 2016

Lorsqu'un couple a souscrit un contrat d'assurance-vie avec des deniers communs, la valeur de rachat de ce contrat, en cas de décès du conjoint du titulaire de l'assurance-vie (contrat non dénoué), n'est plus intégrée à l’actif de la communauté conjugale et ne constitue pas un élément de l’actif successoral pour le calcul des droits de mutation. Le montant perçu n'est donc pas compté dans la succession.

Successions ouvertes avant 2016

Si chacun des époux n'avait pas désigné l'autre en tant que bénéficiaire, le conjoint survivant recevrait capital et plus-value en totale exonération de droits de succession, cependant le montant perçu était compté dans la succession.

En revanche, si le conjoint survivant était désigné bénéficiaire, il était exonéré de droits de succession lorsqu’il recevait la part de l’assurance-vie que détenait le défunt : 50 % du montant total du placement s’ils étaient mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts.

2. Calculez les droits de succession sur une assurance-vie

Déterminez à quelle date le contrat a été souscrit. Prenez votre dernier relevé de compte concernant votre assurance-vie, la date de souscription doit y être indiquée. Si tel n’est pas le cas, adressez-vous à la banque auprès de laquelle elle a été souscrite.

Le but est de déterminer si le placement a débuté avant ou après le 20 novembre 1991, ce fait sera déterminant pour calculer le montant des droits de succession.

Cas 1 : l’assurance-vie a été ouverte depuis le 20 novembre 1991

Déterminez le nombre de versements effectués avant et après le 70e anniversaire du titulaire :

  1. Consultez le dernier relevé de compte de l’assurance-vie ou demandez à la banque émettrice la somme totale des versements effectués depuis l’ouverture du placement.
  2. Comptez tous les versements effectués à partir du 70e anniversaire de l’assuré.
  3. Déduisez-en la somme des versements effectués avant et après ses 70 ans.

Versements avant 70 ans

Si les versements sont effectués avant son 70e anniversaire pour un contrat ne dépassant pas 152 500 € par bénéficiaire, il n’y a pas de droit de succession.

Si les versements sont effectués avant son 70e anniversaire pour un contrat dépassant 152 500 € par bénéficiaire, les droits de succession sont de :

  • à compter du 1er juillet 2014 :
    • 20 % sur la part inférieure ou égale à 700 000 € (après abattement de 152 500 €) ;
    • 31,25 % sur la part excédant 700 000 € (après abattement de 152 500 €) ;
  • avant le 1er juillet 2014 :
    • 20 % sur la part inférieure ou égale à 902 838 € (après abattement de 152 500 €) ;
    • 25 % sur la part excédant 902 838 € (après abattement de 152 500 €).

Versements après 70 ans

Si les versements sont effectués après son 70e anniversaire sur un contrat supérieur à 30 500 €, ces mêmes dépôts subissent le barème sur les droits de succession en vigueur.

Le Conseil constitutionnel (C. constit., 3 octobre 2017, n° 2017-658 QPC) a précisé que, n’est pas contraire à la Constitution, le principe selon lequel les droits de succession sont dus à raison du seul versement des primes après 70 ans, sans tenir compte des retraits effectués postérieurement à ce versement par l'assuré.

De même, il est possible de faire entrer dans l'assiette des droits de succession l'ensemble des sommes versées au bénéficiaire, sans distinguer entre la fraction correspondant aux primes initialement versées par l'assuré et celle correspondant aux produits de ces primes.

Si les versements effectués après son 70e anniversaire sur un contrat inférieur à 30 500 €, ni les dépôts ni les plus-values ne sont taxés.

Exemple : avant ses 70 ans, un souscripteur a versé 320 000 € sur une assurance-vie à l’attention de ses 2 enfants bénéficiaires (soit 160 000 € pour chacun), ce qui avec les plus-values a donné un capital de 350 000 € (soit 175 000 € chacun).

Après ses 70 ans, il a déposé 80 000 € (soit 40 000 € pour chacun) ce qui avec une plus-value de 10 000 € a donné un capital de 90 000 € (soit 45 000 € pour chacun).

Ses enfants devront payer 4 500 € chacun de droits de succession sur le capital obtenu avant les 70 ans du souscripteur  : (175 000 € - 152 500 €) × 20 % = 4 500 €.

Les droits de succession sur les versements effectués après les 70 ans du souscripteur seront de 29 750 € pour chaque bénéficiaire: (90 000 - 30 500) / 2.

Bon à savoir : dans le cadre d'un contrat assurance-vie-génération, les sommes versées avant 70 ans font l'objet d'un abattement supplémentaire de 20 % pour tous les bénéficiaires avant l'application de la fiscalité de droit commun.

Cas 2 : l’assurance-vie a été ouverte avant le 20 novembre 1991

  1. Faites le compte des primes versées avant et après le 13 octobre 1998.
  2. Les primes versées et plus-values réalisées avant le 13 octobre 1998 sont exonérées de droits de succession.
  3. Les primes versées à partir du 13 octobre 1998 ne subissent pas de droits de succession jusqu’à un plafond de 152 500 €, puis sont taxées à 20 % au-delà.

Exemple : avant le 13 octobre 1998, un souscripteur a effectué des dépôts à l’attention de ses 2 enfants bénéficiaires pour atteindre un capital de 230 000 € (épargne et plus-value) soit 115 000 € chacun.

Après le 13 octobre 1998, les versements et le rendement réalisé ont été de 400 000 €, soit 200 000 € pour chacun de ses enfants.

Il n'y a donc aucun droit de succession sur le capital obtenu avant le 13 octobre 1998.

En revanche, les droits de succession sur le capital obtenu après le 13 octobre 1998 s'élèveront à 9 500 € pour chacun des enfants : (200 000 € - 152 500 €) × 20 % = 9 500 €.

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